Le Suisse a disputé sa 99ème finale ATP de sa carrière, la première à Paris-Bercy. Il a disposé, dans un Palais Omnisport surchauffé, du local de l’étape, Jo-Wilfried Tsonga. Federer ajoute ainsi un nouveau Masters 1000 à son palmarès déjà bien garni. Alors RF peut-il revenir au meilleur de sa forme en 2012, lui qui a connu certaines difficultés cette année ? Enquête de votre blog tennis.
Contre vents et marées, Roger Federer est en train de revenir sur le devant de la scène. Lui qu’on avait oublié cette année, au profit de la bataille épique entre Djokovic et Nadal. C’est pourtant Federer qui a été le premier à battre Novak Djokovic cette année justement. Mais beaucoup n’en avaient cure, RF était fini. Aucun titre du Grand Chelem, une première depuis 2002, un seul titre bien maigrichon pour celui qui pouvait en remporter 12 lors de ses meilleures années ; une place perdue sur le podium du classement ATP, bref rien n’allait pour Roger. Certes c’était vite oublié que le Suisse était à nouveau à deux doigts de sortir Djokovic en demi-finale de l’US Open, mais pour beaucoup Federer avait manqué sa saison. Et puis, et puis, Roger refait surface, lentement mais sûrement. D’abord à Bâle, pour son retour à la compétition après 6 semaines de repos. Un nouveau trophée qui s’ajoute pour celui que beaucoup désignent comme le meilleur joueur de l’histoire du tennis, même si RF n’a pas eu à sortir de top 10. Mais l’essentiel est ailleurs, le Bâlois a montré qu’il pouvait pratiquer un tennis redoutable comme à ses heures de gloire, et donné tort à ses détracteurs qui le disaient terminé.
À Bercy, Roger confirme tout le bien qu’on pense de lui depuis quelques semaines. Un service remarquable, des déplacements qui rappellent ceux de sa jeunesse, une solidité mentale dans les points importants, bref une gestion parfaite de ses rencontres. Certes, le Suisse a globalement été épargné par le tableau, mais il a quand même réussi à sortir, hier dans le dernier carré, le Tchèque Tomas Berdych en deux sets secs (6/4 6/3). Et a battu sans trop de soucis un Tsonga plus nerveux et encore un ton en-dessous (6/1 7/6).
La question que tout le monde se pose, c’est, outre ce qu’il peut faire au Masters, sa compétitivité l’an prochain. Roger peut-il revenir au top mondial ?
Peu de points à défendre par rapport à ses concurrents
L’an prochain, Roger Federer n’aura pas beaucoup de points à défendre si on compare son parcours global à celui de ses adversaires. En Grand Chelem, il a atteint la demi-finale de l’Open d’Autralie et celui de Flushing Meadows, la finale de Roland-Garros et les quarts de finale de son tournoi pourtant fétiche de Wimbledon. En Masters 1000, hormis le tournoi de Paris-Bercy, il n’a jamais atteint le stade de la finale. Autrement dit, le Suisse peut récolter beaucoup de points, pendant que ses adversaires peuvent en perdre énormément. À commencer par Novak Djokovic qui ne pourra certainement pas reproduire la saison qu’il vient de faire cette année. Triple vainqueur d’un Grand Chelem, quintuple vainqueur de Masters 1000, «Nole» aura bien du mal à réitérer ces performances. Et d’autant plus lorsque l’on voit les blessures qui handicapent le Serbe en cette fin de saison. Malgré six semaines de repos, Djokovic reste malmené par ses douleurs à l’épaule droite, et semble en bout de souffle.
Rafael Nadal, même battu à chaque finale qu’il a disputé contre Djokovic (c’est-à-dire à Miami, à Indian Wells, à Madrid, à Rome, à Wimbledon et à l’US Open) aura beaucoup de points à défendre également. Et il devra également défendre les points de sa victoire de 2008 aux JO. Tout comme Andy Murray, finaliste à Melbourne et demi-finaliste des autres tournois du GC, et auteur d’une fin de saison remarquable, seulement perturbée par les blessures.
Federer peut donc prétendre à revenir en force sur le podium, en tant que numéro 3 mondial au moins, ce qu’il obtient grâce à son succès au POPB.
Une motivation intacte ?
2012 revêt pour RF une saveur particulière. En effet, les Jeux Olympiques se dérouleront à Londres, dans le prestigieux cadre de Wimbledon, tournoi qui a longtemps réussi à Federer. Il est certain que le Suisse voudra briller et remporter les JO, rare titre qui résiste encore à sa soif de victoires et de succès finaux. Il en fait son objectif prioritaire, et fera donc tout pour être le meilleur possible la saison prochaine.
Surtout, le Suisse n’est pas atteint par les critiques qui se sont abattues sur lui cette saison. On l’a dit moins en forme, définitivement sorti par les Nadal, Djokovic, Murray et consorts, mais Roger est resté droit dans ses bottes en affirmant vouloir rester et garder l’envie. L’homme aux 16 victoires en Grand Chelem, un record en la matière, poursuit sa carrière avec moins de pression, mais avec une motivation intacte d’après ses propos.
Moins d’insouciance
Cela peut paraître à première vue paradoxal, mais cette diminution d’insouciance handicape Federer, le rend plus humain et plus à la portée de ses adversaires. On remarque que le Suisse a des difficultés parfois à gérer un match qu’il maitrisait plus par le passé. Globalement, Roger Federer ne parvient plus à mettre la main sur l’ensemble du match, du premier au dernier point. Non pas que le nouveau lauréat de Paris-Bercy ne faisait pas de fautes, mais parce qu’il avait une faculté extraordinaire à verrouiller toutes les tactiques de ses adversaires, à rendre vains les efforts adverses. Meilleur exemple pour montrer cette affaiblissement dans ce domaine, c’est son quart de finale à Wimbledon contre Jo-Wilfried Tsonga, qui rentrera dans les annales du tournoi. Menant deux sets à rien, Federer s’est fait remonté par le Français, pour perdre en cinq sets. Résultat inédit pour le Suisse, car jamais, ô grand jamais il n’avait alors perdu en plus de 180 confrontations après avoir mené avec deux sets à rien.
Le Suisse, et même s’il refuse de l’admettre, subit plus la pression, et est plus bousculé sur les points importants. On peut également invoquer le fait que les adversaires de Federer croient dorénavant plus en leurs chances de venir à bout de l’ex-numéro 1 mondial ; et ne rentrent plus sur le court avec la défaite en tête.
Roger Federer fait office de favori pour le Masters de Londres. Djokovic ne sera pas remis sans doute de sa blessure à l’épaule droite, et même s’il joue, le Serbe ne risque guère d’être compétitif. Rafael Nadal est également en délicatesse avec son corps. Federer est donc un cran au-dessus de tous ses adversaires en cette fin de saison. Et a l’occasion de clôturer de bien belle manière une saison 2011 contrastée.
Jérôme COLLIN