Djokovic, fin de cycle ?

 
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Le Serbe a subi une déconvenue pour son retour à la compétition au tournoi de Bâle. Novak Djokovic s’est fait sortir par le Japonais Nishikori sur un score relativement sec (6-2/5-7/0-6) en demi-finale. C’est sa quatrième défaite de la saison, mais la première où le numéro 1 mondial s’est réellement fait dominer par un adversaire pourtant beaucoup moins bien classé que lui. Faut-il y voir une fin de cycle ? Analyse.

Épatante saison que réalise Novak Djokovic cette année. En 2011, le Serbe a décroché pas moins de 10 titres, dont 5 Masters 1000 et 3 Grand Chelem. Une domination donc sans partage, marquée par un nombre de défaites qui se compte encore sur les doigts de la main. En effet, Djokovic a connu seulement 4 fois le goût de la défaite. Moins bien que John Mac Enroe certes, mais une statistique hallucinante dans le tennis d’aujourd’hui, où le Serbe doit affronter des cadors tels que Nadal, Federer ou bien encore Murray. 71 matchs au total pour le moment, dont 67 victoires. C’est presque autant de match qu’a disputé tout au long de la saison le Suisse Roger Federer. Les comparaisons peuvent se multiplier, le constat reste le même : Djokovic a archi-dominé l’ensemble de la saison 2011.

Mais depuis sa victoire finale à l’US Open sur Rafael Nadal, le Serbe ne tourne plus rond. Une défaite sur abandon contre Juan Martin Del Potro dans le cadre de la demi-finale de la Coupe Davis, et donc une nouvelle élimination en demi-finale du tournoi de Bâle, face à un jeune Japonais dénommé Nishikori.

Un tournoi délicat en forme de reprise

Depuis son arrivée à Bâle, Novak Djokovic a subi des difficultés à chacun de ses matchs, hormis contre Lukasz Kubot en huitième de finale. Avant, contre Xaxier Malisse, et après contre Marcos Baghdatis et donc Nishikori, «Nole» comme on le surnomme s’est toujours compliqué la tâche, en ne sachant pas gérer son match. Ce qui en faisait pourtant une de ses principales raisons de son succès cette année : une gestion impeccable des évènements en cours de match. Contre le Chypriote, Djokovic a mis une bonne demi-heure avant d’entrer dans son match. En ce laps de temps, son adversaire lui avait déjà pris la première manche, contraignant le Serbe à remporter les deux suivantes. Contre Malisse et Nishikori, Djoko n’a cette fois pas su gérer son avance d’un set. Contre le Belge, la victoire fut au rendez-vous, mais le Japonais a tenu la cadence sur deux sets entiers, réussissant l’exploit de battre le numéro 1 mondial.

Cette sortie de route peut s’expliquer par le fait que Djokovic n’avait plus joué depuis mi-septembre, soit plus de 6 semaines. La mise en route s’est donc révélé compliquée. Il n’est jamais simple de reprendre le chemin de la compétition après une rupture plus ou moins longue. On l’avait déjà vu pour Djokovic à Roland-Garros, où le Serbe s’était incliné contre Roger Federer dans le dernier carré, après cinq jours de repos forcés, pour cause d’abandon de son adversaire en quart. Ce mini-break l’avait forcément pénalisé, par rapport à un Federer toujours dans le bain, toujours sous la pression du match et du résultat.

Une fatigue handicapante, une blessure récurente

Si Novak Djokovic s’est incliné aujourd’hui, c’est aussi en partie à cause d’épaule, point sensible de son corps depuis plusieurs semaines déjà. Et son repos ne lui a apparemment pas permis de régler le problème. Pénalisé par cette blessure, Novak Djokovic n’a pas voulu tirer sur la corde dans le dernier set, ce qui explique le 6-0 infligé par le Japonais.

Il faut dire que la saison du Serbe a de quoi être éreintante. Dans tous les tournois qu’il a disputé, hormis celui de Bâle et de Roland-Garros, il a atteint la finale, qu’il a toujours gagné, sauf contre Andy Murray à Cincinnati (défaite sur abandon, pour une douleur à l’épaule déjà!). Autrement dit, en atteignant quasiment à chaque tournoi la finale, son temps de repos se réduit considérablement lorsqu’il décide de s’aligner à deux tournois de suite.

Quid de son avenir ?

Le Serbe a déclaré suite à sa défaite son incapacité à «s’entraîner lors des deux prochains jours», ce qui rend sa participation au Masters 1000 de Paris-Bercy incertaine. Il est fort probable que Djokovic fasse une croix sur ce tournoi qui ne lui est pas nécessaire d’un point de vue comptable, sa place de numéro 1 mondial jusqu’à la fin de l’année et sa participation au Master de Londres fin novembre étant assurées. Les deux prochaines semaines pourraient lui servir, à l’instar de Rafael Nadal, comme temps de récupération, de repos et d’entraînement dans l’optique de la fin de saison, et du début de la suivante.

Cette défaite peut vraisemblablement s’expliquer par un déficit d’envie. À Bâle, le Serbe n’a jamais donné l’impression de se donner pleinement et de vouloir tout remporter sur son passage. La lassitude poindrait-elle le bout de son nez ? Probable, car après avoir tout gagné, les enjeux ne sont plus vraiment nombreux pour le numéro 1. Inconsciemment au moins, sa soif de victoire s’est sans doute quelque peu tarie.

Il faut reconnaître aussi le potentiel de Kei Nishikori, qui finit la saison 2011 sur les chapeaux de roue. Il avait déjà fait chuter Tsonga au Masters 1000 de Shangaï, où il avait atteint les demi-finale. À Bâle, il affrontera le vainqueur du match entre Stanislas Wawrinka et Roger Federer, donc dans tous les cas, un enfant du pays.

Jérôme COLLIN

Auteur: Alex

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